Déambulations visuelles

Des séries de télésièges aux câbles
tendus et conforts variables croisent
un chinois, droit comme un piquet au
garde à vous de sa maison, pendant
qu’un groupe de petits roumains
s'exhibent dans des gestes provocateurs,
regardant passer un touriste, son
attrape instant décisif vissé à l’œil,
prêt à déclencher, en observant
méticuleusement des corps de cochons
se faire griller la couane en guise
de dépoilement, avant de se faire
ouvrir le ventre pour tout nettoyage
forcé, le regard aiguisé d’excitations.

Frèd Blanc - 14/04/15

Rencontres artistiques

Sur un chapiteau rayé dans le sens du
vent, danse un modèle évadé d’un défilé
à la mode de chez le couturier en vogue
des magazines, ancré dans son époque
où les cuisiniers jouent du piano habillés
en blanc, en tabliers inspirés de jupes
 tendance masculines et accompagnés
d’une partition très sax-tenor à accent
du sud du sud,  se balançant dans le
contre-jour d'un mouvement de trapèze,
d’un saut de clown, d’une grimace de

Pierrot, une poêle à la main, brûlée
par un sourire disparu.

Frèd Blanc - 15/04/15

Pièces à construire

Des jambes en chaussures à semelles
passent sur de la transparence humaine
sans prendre conscience de son existence
alors qu’à tout petits pas loin de là, un
jazzman se questionne à même la vie qui
file sur son corps remodelé par une
lumière brutale, lui refaisant le portrait
à chaque cliché contrasté de douleurs
saturées, de cris intérieurs, ne lui parlant
plus sa langue avec laquelle il voyage
depuis toujours chez les autres du coin
de la rue, revenus d’une vie de voyages
enivrant pour fixer leur bougeotte
de plusieurs décennies.

Frèd Blanc - 16/04/15

Préparer l’après

Des tuyaux colorés redessinent le paysage d’une campagne accueillante
où des hommes à vélo pédalent leur entraînement jusqu’à plus penser leurs douleurs physiques, jusqu’à plus penser du tout jusqu’au jour ultime où ils donneront tout pour atteindre l’arc aux triomphes, passant devant un public amassé où se cache un petit laotien,
son cœur sous le bras, qui bat au bon rythme, son cœur aux tuyaux reconstitués qui lui permettra de pousser loin ses rêves d’existence
aux côtés de vœux réalisables.

Frèd Blanc - 17/04/15

/// LA BOUTIQUE

À la bonne adresse

Un oiseau s’envole à tout jamais dans le flou de ses ailes, emportant avec lui le froid d‘un brouillard dessinant dans les nuages des souvenirs abstraits dans leurs formes, pourtant si réelles dans leurs intensités fugaces. Des oiseaux noirs embarquent dans leur coups d’ailes les miettes de pain d’une autre époque, d’une autre main que la leur, que la nôtre, pour les nourrir d’un amour passager. Les groupes d’oiseaux noirs reviennent sur le lieu de leurs repas, baraque à pains devenue baraques à sons à coup de becs sur les bords du balcon.

Frèd Blanc - 18/04/15